lundi 4 juillet 2011

Iowa - Le potager de l'Amérique

Les 10, 11 et 12 juin

Des Moines et Madison County



Nous poursuivons notre cheminement sur la I-80 vers l'Ouest.

Le paysage change dès qu'on s'éloigne des villes autour de Chicago. Les petites fermes et les petits boisés du Michigan deviennent peu à peu un souvenir.

La plaine du Mid-West américain n'est pas un terrain plat; c'est plutôt une plaine vallonnée, très agréable à l’œil. À la limite ouest de l'Illinois, on enjambe le Mississippi qui a déjà l'allure d'un grand fleuve. On pénètre en Iowa, le potager de l'Amérique. C'est une région agricole avant tout, mais on y trouve aussi une activité industrielle, principalement liée à l'agro-alimentaire. 





Il a beaucoup plu et le temps a été frais tout au long des mois de mai et juin partout en Amérique du Nord. Les champs n'absorbent plus l'eau des orages qui se succèdent de façon un peu déprimante.


Les distances sont longues. Nous passons la journée sur la route. Nous arrivons en fin d'après-midi à Des Moines. Le soleil fait une apparition dès que nous arrivons au terrain de camping. Les francophones d'Amérique tout autant que ceux d'Europe et d'Afrique ne reconnaîtront pas la façon dont les Américains prononcent le nom de la capitale de l'Iowa : Des Moines. Il est d'ailleurs difficile de le transcrire avec fidélité.


Samedi matin...

Nous sommes partis depuis plus d'une semaine. Il est temps d'aller faire notre marché pour remplir le garde-manger et le réfrigérateur : œufs, fromages, pain, fruits et légumes... Nous nous rendons donc au « Farmers' Market", le marché des fermiers au cœur historique de la ville de Des Moines... une véritable fête qui attire plus de 15 000 personnes à chaque semaine. Il est difficile de trouver du stationnement.




La foule est dense. Le soleil suscite la bonne humeur, autant chez les producteurs que chez les clients. L'ambiance est festive. On jase avec les producteurs, on goûte, on se laisse tenter. Nous avons trouvé du bon « bacon » aromatisé aux bois de pommier, « un » bon fromage (un peu dispendieux toutefois), du pain artisanal, un miel délicieux. Et on découvre que les Québécois n'ont rien à envier aux gens de la place. 


Le vendeur de miel
On y trouve de tout : pas seulement les producteurs d'aliments venus de tous les coins de l'état,
mais aussi des
artisans...
Dans un article qui a été publié il y a plus d'une centaine d'années sur l'art de voyager, Hermann Hesse déplorait la mauvaise habitude de ses compatriotes de vouloir retrouver à l'étranger ce qu'ils ont pourtant laissé chez eux : exiger, par exemple, une bière à leur goût en Sicile.

Toutefois, tout en demeurant ouvert d'esprit et en adoptant une attitude de curiosité, il est bien naturel de comparer. Nous ne nous attendions pas à trouver les produits auxquels nous sommes habitués au Québec. Mais nous avons été surpris du peu de variété et de la qualité moyenne de la production locale en Iowa. C'est à se demander comment une nation qui se vante de la diversité de ses origines, composée de gens dont les ancêtres sont venus de toutes les régions du monde, on a pu oublier comment préparer la nourriture. Le modèle dominant du marché -- dont la main est théoriquement aveugle, et qui devrait offrir ce qu'il y a de mieux aux clients -- impose plutôt une uniformisation des goûts, un nivellement de la qualité par le bas, la facilité.


Samedi après-midi

Nous avons poursuivi notre exploration de l'univers rural de l'Iowa en visitant le site thématique du « Living History Farms ». Nous y avons passé un moment des plus instructifs et agréables. 



Le site est situé au cœur de la région urbaine de Des Moines. Pourtant, dès qu'on sort du centre d'accueil, on a l'impression de se retrouver non seulement en campagne, mais aussi dans un autre siècle. Il faut traverser la reconstitution d'un village rural typique de la fin du 19e siècle (1875) pour se faire conduire, de façon très moderne, dans l'univers de trois fermes de trois époques différentes : une ferme du 17e siècle, du peuple des Ioway, qui ont commercé avec les Français du temps de la Nouvelle France; une deuxième ferme, des années 1850 des premiers colons américains, et une troisième, un demi-siècle plus tard, des descendants de ces colons.

Reconstitution : Village de Walnut Hill, 1875
Ce qui nous a le plus impressionné de cette visite, c'est le souci pédagogique qui anime cette entreprise. Tout ce qu'on y montre est le résultat de recherches historiques sérieuses et bien documentées.

Plusieurs conversations avec les animateurs (docent) qui nous expliquent la vie quotidienne des gens il y a quelques centaines d'années nous ont révélé qu'ils et elles sont des diplômés de sciences humaines, surtout en histoire. Ils sont employés à plein temps, toute l'année, et non pas seulement pendant la saison touristique. Ils vont dans les écoles de la région, animent des conversations entre des jeunes et des personnes âgées, afin de stimuler le partage des expériences et de rendre vivante cette transmission des connaissances sur le passé.

Le magasin général était un centre communautaire à l'époque. On y trouvait souvent le bureau de poste.

En plus de tenir magasin, la modiste aujourd'hui poursuit des études en histoire.
Reconstitution d'une ferme du début du 20è siècle

Les ponts de Madison County

Dimanche matin... Le temps était incertain lorsque nous avons entrepris une activité typique du dimanche : laisser couler le temps, lentement, faire une randonnée en automobile pour visiter les ponts de Madison County.


Madison County, le dimanche, c'est tranquille. Comme dans le film de Clint Eastwood, qui le mettait en vedette avec Meryl Streep.

Les ponts couverts de Madison County sont toujours bien conservés. Et ils attirent beaucoup de visiteurs, ce qui suscite une activité économique qu'on apprécie dans la région. Nous ne sommes pas les seuls à les avoir visités ce jour-là.

Il faut bien avouer que ces ponts conservent un cachet bien romantique. Mais ce n'est pas leur seule valeur et la Chambre de commerce locale du chef-lieu du comté le sait bien. Ils ont acquis, grâce à la popularité inattendue du film, une valeur commerciale. On n'aura pas avantage à les abandonner, à les laisser dépérir.

Il n'y a pas beaucoup d'activité à Winterset le dimanche matin, même au début de la saison touristique. Un service religieux... à deux pas de la maison natale de John Wayne. Puisque Winterset, le chef-lieu du comté, est aussi le village natal de John Wayne. Celui-ci attire tout autant les visiteurs que les ponts d'ailleurs. Mais ce n'est pas la même clientèle.

Il est intéressant d'observer le contraste entre les deux modèles d'homme que représentent John Wayne et Clint Eastwood : deux générations différentes, mais encore plus, deux systèmes de valeurs. L'agent en service au bureau d'information touristique de Winterset nous a confié qu'il pouvait d'ailleurs reconnaître, avant même qu'ils s'identifient, les touristes intéressés à l'un plutôt qu'à l'autre, entre John Wayne d'une part et les « fans » de Clint Eastwood.

Ceux qui ont vu le film se souviendront d'une scène dans un restaurant où le personnage de Clint Eastwood se lève sans terminer son café pour protester contre l'esprit mesquin des gens de la place. Nous y avons pris notre repas du midi. Une dame d'un âge respectable a dit à ma conjointe : « You're so young... For you, it's Clint Eastwood... John Wayne is more my type of man. »

Le film « The Bridges of Madison County » est basé sur un roman, qui raconte une histoire vraie. C'est d'ailleurs presque un reportage autant qu'un roman. Le personnage que joue Clint Eastwood dans le roman a existé. Il a fait un reportage photographique pour le National Geographic. Le personnage de la femme, Francesca, que joue Meryl Streep, a aussi existé.

C'est un tableau bien fidèle de l'Amérique de l'époque des années 50 ... 


Finalement, le soleil a parfois percé les nuages au cours de la journée. Parfois, il est tombé quelques goûtes, sans nous importuner toutefois. Nous nous attendions à une randonnée bien ordinaire. Une journée pour faire de la photo... Ce fut aussi une journée très instructive. 

Roseman Bridge : un personnage du film The Bridges of Madison County


Des fleurs pour Francesca



Traces de passages...

Étape suivante : La traversée du Missouri - Omaha

2 commentaires:

  1. Bonjour, Je viens de découvrir votre blog, dommage que vous ne l'ayez pas poursuivi. Je le trouve très intéressant.
    Claude

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    1. La suite est ici : http://fernancarriere.wordpress.com/ . Je compléterai dans les semaines et les mois à venir.

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